Ah, Tamniès ! Quel charmant petit village que voilà, perché sur son éperon rocheux et dominant la vallée de la Beune en Périgord Noir. Avec ses 405 âmes, c'est une toute petite bourgade, mais elle regorge de trésors historiques et naturels.


Elle fait partie des 13 communes composant la Communauté de Communes Sarlat Périgord Noir.

Son église romane, fièrement dressée avec son chœur du XIIe siècle, surveillait jadis la vallée de la Beune jusqu'au château de Commarque, qui se laisse apercevoir en contrebas. Cette église est d'ailleurs classée à l'Inventaire des Monuments Historiques et a récemment été restaurée, pour le plus grand plaisir des yeux.

Mais il n'y a pas que l'église qui vaille le détour : juste à côté se trouve un musée d'initiation à la préhistoire, où l'on peut admirer des pièces trouvées et prêtées par les habitants de la commune. Et un peu plus loin, un ancien prieuré, inscrit lui aussi, abrite des chambres d'hôtes pour les visiteurs de passage. Avec l’hôtel restaurant et quelques autres habitations autour, c’est un tout petit bourg.

Les amoureux de la nature ne seront pas en reste, avec un étang de loisirs (entré dans les « Pavillons bleus » en 2011, ce qui officialise la qualité de ses eaux de baignade et les efforts de la municipalité réalisés pour respecter l’environnement) et sa plage de sable fin qui s'étendent sur plus d'un demi-hectare.

Là, en été, on peut se baigner, pêcher, et même profiter d'un marché gourmand tous les dimanches soirs en juillet et août. Et si vous cherchez un peu plus d'activité physique, un parcours santé a été installé sur la rive opposée à la plage, il est aussi le lieu de départ du sentier d'interprétation de la Gargagnasse, classé dans le top 10 des sentiers remarquables de la Dordogne. La Vallée de la Beune se situe en zone Natura 2000, Grand Site vallée Vézère, dont la flore et la faune spécifiques sont inventoriées. Une véritable merveille de la nature !

Tamniès, c'est aussi un village où il fait bon vivre, avec ses hameaux pittoresques tels que le Castanet, Galinat, Le Petit Salignac ou la Garrigue... et ses habitants accueillants. On y trouve des gîtes, des chambres d'hôtes, un camping dans la vallée de la Beune, un camping à la ferme sur les coteaux, deux ou trois villages de vacances, ainsi qu'un maraîcher bio, un boulanger et une pâtissière, sans oublier quelques artisans et agriculteurs, qui font la fierté de la commune.

Et que dire de son tissu associatif, si dynamique et si riche ? Avec pas moins de 14 associations , Tamniès ne manque pas de vie et d'animations tout au long de l'année.

Enfin, la commune est fière de son label "Village Fleuri", obtenu il y a déjà 40 ans, ce qui en fait la première commune de moins de 500 habitants à avoir décroché cette distinction. Aujourd'hui classé avec 2 fleurs, Tamniès continue de remplir le cahier des charges avec la charte 0 pesticides, l'enherbement  du cimetière, la gestion différenciée des espaces verts, le paillage des massifs et toutes les actions menées globalement sur le territoire en matière d'économie des ressources.

En somme, Tamniès est un petit joyau en Périgord !

 

HEURS ET MALHEURS D’UNE PETITE ÉGLISE

PAROISSIALE AU TRAVERS DES SIÈCLES !


Cette vénérable église existait avec certitude au 13e siècle (1273) en tant que prieuré bénédictin et dépendant de l’Abbaye de Sarlat. Des éléments architecturaux romans de l’abside font cependant penser qu’elle était construite dès le 12e siècle. Le cartulaire de l’abbaye de Sarlat n’a pas été retrouvé. Le chartrier ainsi que les deux bulles papales énumérant les possessions de l’abbaye de Sarlat (1153 et 1170) ne la mentionnent pas.

La paroisse semble avoir pour origine la fondation d’un petit prieuré par quelques moines. Autour de ce prieuré se sont peu à peu créés des hameaux et cette évolution n’a pas laissé de traces dans les archives.

Mais récemment, en 2014, un diagnostic archéologique en prévision du futur aménagement des eaux usées de la commune a nécessité, entre autres travaux, une tranchée réalisée dans la petite rue entre le prieuré et l’église.Les éléments retrouvés ont permis d’avoir maintenant quelques certitudes concernant l’ancienneté du lieu. Ils ont révélé la présence de deux « espaces d’inhumations » ne se situant pas exactement l’un au-dessus de l’autre mais occupant deux espaces et originaires de deux époques différentes. Le premier espace contient des tombes en coffrage (dalles de pierre), orientées est/ouest. L’une des tombes de cet espace sépulcral contenait deux vases Pegau, poterie très caractéristique du Xe-XIe siècle, qui permettent d’affirmer que ce premier cimetière date au moins du XIe siècle. Ces tombes ont été laissées en l’état.

De plus on remarque que cet espace est longé en partie par les fondations d’un mur est/ouest dont la longueur se poursuit au-delà du chantier de fouilles. L’équipe qui a pratiqué les fouilles avance une supposition, ce mur pourrait avoir été celui d’une première église, moins grande, moins près du rocher. Même si cela est probable, il faudrait une étude archéologique plus poussée pour l’affirmer. Enfin les restes humains de ces tombes révèlent des sujets « matures et immatures ». Il y avait donc des habitants et non seulement des moines, dès cette époque. Il y avait donc une église ! Puis cet espace cesse d’être utilisé et on observe un changement dans le mode d’inhumation, en pleine terre et perturbé par des remblais successifs. L’orientation des tombes est nord/sud.Ce second cimetière a été utilisé jusqu’au XVIIe siècle, ensuite l’aire sépulcrale le long de l’église n’est plus utilisée et remplacée par un cimetière aménagé au bout de la rue.

 

Voilà pour les débuts probables de notre église.


Par la suite nous savons que cette église d’abord romane, fut pillée au cours des guerres de 100 ans, en particulier en 1414, de lourdes réparations s’ensuivirent. En 1592, elle fut de nouveau en partie détruite par les troupes protestantes, et remise en état avec des modifications, enfin en 1654, après le siège de Sarlat et le passage des soldats de la Fronde elle ne fut pas épargnée, pas plus que les habitants de la paroisse, qui devaient « logis et nourriture aux soldats passants ». Etant donné la pauvreté dans laquelle vivaient les paysans, les épidémies et disettes, on faisait des réparations minimales pour l’église, juste suffisantes pour continuer à accueillir les fidèles.

En 1656, le curé Secresta de Tamniès note dans le Livre de Raison(les comptes pour l’église) : « le maîtreautelestant rompu en divers endroits, je l’ai fait remettre un peu par un maçon du village Descans et lui ai donné 5 sous pour son travail et 8 pour le matériel », et une autre fois : « j’ai fait travailler le susdit maçon à remettre le pavé de l’église, il a employé 3 jours, et l’ai payé 15 sous ».

En 1675, les habitants s’insurgent par acte notarié auprès du chapitre de l’évêché de Sarlat dont dépendait l’église, et demandent une aide ou une baisse de la dîme pour faire face à des travaux. Cet acte nous est parvenu : l’on ne craint rien moins que l’effondrement de la voûte et du clocher.

Et en 1676 notre curé note : « j’ai fait acheter à Sarlat 30 livres de chanvre destinées à faire un câble pour monter la pierre de la voûte de notre église… ». Par la suite, il est question de la grande porte, réparée de la même façon : il faut acheter du bois et des clous, puis de la charpente. Ces travaux semblent bien dérisoires.

 

Enfin un acte notarié du début du XVIIIe, à la demande cette fois du chapitre de la Cathédrale, ordonne au syndic de la fabrique et aux paroissiens de réparer l’église car« la chapelle de ladite église paroissiale est démolie en partie par le dehors depuis le haut jusqu’en bas, de sorte que l’effondrement de ladite chapelle, appelée de Notre Dame qui joint le sanctuaire, va infailliblement entraîner la ruine et l’effondrement du sanctuaire ». On comprend que lors du classement de l’église en 1978, les architectes aient remarqué d’importants travaux avec des modifications de la structure de l’église à la fin du XVIIe ou début XVIIIe mais les archives manquent. On comprend aussi qu’après tant de reconstructions partielles, le plan de l’église en soit bousculé : elle est légèrement asymétrique par rapport au choeur et la chapelle SteMarie, datée du XVIIIe, est anormalement vaste.

Pendant la révolution on sait que le curé Pons a écrit son dernier acte paroissial en novembre 1792. À la suite de quoi l’officier public établit le procès-verbal de remise du registre. La commune tient désormais un registre d’Etat Civil. Ce curé se cachera ensuite à La Rivière où il officiera en secret.Et il faudra attendre le Concordat de 1801 et la réorganisation du clergé pour que la cure de Tamniès revive. Les soucis de conservation de l’église réapparaissent dans une enquête de 1846 sur l’état des églises :

À la question : l’église est-elle en bon état, il est répondu : « oui, excepté que le pavé ne vaut rien et qu’une partie du mur à droite en entrant s’est écroulé » et qu’il sera nécessaire de réparer le presbytère en très mauvais état. Il faudra attendre 1861 pour qu’une étude sérieuse et un devis soient établis en vue de travaux pour l’église, la sacristie et le presbytère. En 1863 le Conseil Municipal accepte les devis et demande une aide substantielle, la commune ne pouvant faire face à de telles dépenses. J’ai trouvé une facture mais pas l’acte de réception des travaux, qui semblent avoir été exécutés.

En 1906 lors de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, un inventaire très précis a été dressé sous contrôle d’un huissier. Mais il s’agit essentiellement des objets contenus dans l’église ou la sacristie : statues, objets sacerdotaux, bancs, chaises, fonds baptismaux, etc., l’église n’étant évaluée que pour la valeur immobilière de la superficie du sol occupé. Et jusqu’en 1920 c’est surtout la reconstruction et l’aménagement du presbytère par la commune qui sont à l’ordre du jour car il était devenu inhabitable.

En 1954, est établie une liste de donateurs en vue de réparations mais sans autre précisions. En 1966 l’architecte des Monuments Historiques note deux objets remarquables dans l’église : une cuve baptismale et un Christ en bois, il note à la fin de son courrier : des pierres tombales gothiques ayant été trouvées en élargissant la route, prière de les conserver dans un coin de l’église.

En 1980 une fiche administrative de recensement des églises fait état de la vétusté, de l’intérieur délabré de l’église, ainsi que de la charpente « pourrie » des cloches. En 2002 un devis est établi pour la réfection de la charpente des cloches (le beffroi). Enfin en 2014 un projet de rampe d’accès pour faciliter l’accès de l’église voit le jour…

Il était grand temps…


C’est grâce aux efforts des uns et des autres, qu’en 2018 un ensemble de travaux est mis en route, tant pour l’accès au village que pour une réfection totale de l’église et, en particulier grâce aux efforts du maire Bernard Venancie, les Tamnièçois peuvent être fiers maintenant d’avoir une église entièrement restaurée, de la tête au pied, du clocher au pavé.

Sources : Projet INRAP-Grand-Ouest, diagnostic archéologique, mars 2014 (mairie) BnF, collection Périgord, tome 27 Abbé Bruguière, notes Gourgues. Dictionnaire topographique Livre de raison Secresta (AD Périgueux). Actes notariés Phelip et Bausse (idem). Registres paroissiaux Tamniès (idem). Etat des églises et statistiques, et séparation Eglise/ Etat (idem). Conseil municipal 1861 et dossier concernant l’église (mairie de Tamniès). Avec un grand merci à : Bernard Venancie (in memoriam), qui m’a donné accès au diagnostic archéologique Et Pierre Fermont qui m’a communiqué, en période compliquée de covid, les documents concernant l’enquête sur l’état des églises au XIXe (Archives Départementales). MW - 01/11/2021 - Eglise Saint-Cybard de Tamniès.